lundi 9 septembre 2013

Les chanteurs Bâuls

En 1995, je suis littéralement tombée en arrêt devant cette photo :















J'ai gardé plusieurs années près de mon lit le Livre de l'Essentiel ouvert à la page 78, sur un article intitulé "Chanter pour guérir", qu'illustrait cette photo. J'y revenais souvent, je l'interrogeais, savais qu'elle avait quelque chose à me dire...

Et puis un jour, je me suis mise à chanter.

J'ai fait un pas et le chemin s'est ouvert devant moi.
Au fil des rencontres avec Jean-Pierre Meyran, Marie-Claude Van Lierde, Catherine Braslavsky,  Christophe Boyer et Bénédicte Pavelak, j'ai commencé à relever la tête, j'ai chanté, j'ai écouté, j'ai ressenti, j'ai vibré, je me suis émerveillée, je me suis laissée traverser par des chants inconnus, j'ai entendu le chant du monde, j'ai entendu le silence, j'ai pleuré beaucoup, j'ai ri aussi, j'ai guéri...

Il y a peu, cette photo m'est revenue à la mémoire alors que j'étais plongée dans mes dessins de chanteurs. Sheila Chandra, Misia, Yasmine Levy, Susheela Raman... je travaillais à partir de photos qui me touchaient particulièrement parce que j'y sentais quelque chose comme un abandon à plus grand que soi...
J'ai ouvert le Livre de l'Essentiel à la page 78 et j'ai relevé le nom d'Aurore Gauer, qui figurait près de la photo.

Collage by kitwo à Brest















Il s'agit d'un chanteur Bâul, me dit-elle, dans ce salon de thé du centre de Paris où nous nous sommes retrouvées.

"Ni pieux, ni incroyant, sans être assujetti à une religion particulière, le Bâul embrasse tous les courants religieux qui ont baigné le Bengale, pays carrefour où se sont côtoyées les différentes Écoles ésotériques du bouddhisme tantrique himalayen, la quête intérieure des soufis et la voix amoureuse des vaisnavas (krishnaïtes tantriques, dévots du couple divin Radha-Krishna)... Pour signer sa bigarrure, il arbore une robe d'arlequin. Ce vêtement rapiécé et bariolé indique aussi son appartenance à la famille intemporelle et universelle des chanteurs errants et mendiants d'amour qui ont surgi dans toutes les civilisations aux franges extrêmes des grands courants mystiques, là où se fait la rencontre. Subversive, la voie bâule est née en marge de l'orthodoxie védique qui a toujours été controversée au Bengale, pays de libre pensée, de mouvements intellectuels, artistiques et spirituels révolutionnaires. Elle n'obéit à aucun dogme, ne suit aucun rituel, ne se réfère à aucune "écriture". Les chants sont leurs seuls véhicules de la sagesse bâule ; ils se transmettent oralement de maître à disciple ou de parent à enfant."
(Extrait du livre Au coeur du vent / Le mystère des chants bâuls. Textes réunis et présentés par Aurore Gauer)

Assise dans cet appartement du 19e arrondissement de Paris, à deux pas de chez moi, je suis très émue d'être là, face à Anando Gopal Das et ses musiciens... Émue, parce que je vois le fil rouge qui relie cet instant à la photo qui a fait irruption dans ma vie en 1995, il y a 18 ans. Émue par cette musique et ces voix qui ouvrent les coeurs, émue par la grâce de ces musiciens, émue par la dévotion qui les habite. Émue de partager ce moment avec mes amies qui sont là ce soir.

Dernier concert hier à la Voix du Griot, quelques jours seulement avant leur retour en Inde. Je fais le plein de joie dans ce lieu accueillant et chaleureux.

Anando Gopal Das à la Voix du Griot
















Ce soir, Anando nous a invités à venir le voir en Inde...

Merci à Aurore de m'avoir menée jusqu'aux Bâuls. Merci à Katherine et au Centre Spirales, qui ont organisé cette tournée de 3 mois en Europe.

Jai Guru !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bel article, ça me donne envie d'entendre ça. Une voix qui guérit, quand moi je cherche comment guérir la mienne !

Merci pour cette évocation,

Anne du blog énergie positive